Juste un truc inutile.

Ce soir, j’ai pleuré.

.....C’était la première fois depuis trois ans. Au début, je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. Je n’avais pas envie, je voulais rester forte face à ma tristesse, face à mon malheur si futile. J’ai reniflé, j’ai fermé les yeux tentant de faire la morte sentimentale, tentant de retenir l’eau qui voulait obstinément forcer les barrages. Je voulais rester cette amputée d’émotion, celle pour qui tout ne veut rien dire, celle qui ne ressent rien pour personne ni pour quoi que ce soit et qui, du coup, n’était, ou du moins ne semblait, jamais malheureuse.
.....J’ai résisté encore, j’ai même allumé la radio en espérant qu’elle me divertirait l’esprit de mes idées noires, qu’elle me ferait rire pour ne pas pleurer. Mais j’ai échoué, et, à mon plus grand désespoir, j’ai très vite senti un goût salé sur mes lèvres et une grimace s’afficher sur mon visage. J’ai tout d’abord essayé de la réprimer, mais elle était plus forte que moi et, petit à petit, je me suis laissée faire. Et j’ai pleuré. J’ai pleuré comme un enfant qui a perdu son doudou, comme une adolescente qui a perdu l’amour, comme un père qui a perdu son travail, j’ai pleuré. Et alors que le chagrin m’emportait, me submergeait et envahissait mon être, je me suis dit, à mon grand étonnement, que ça faisait du bien, que ça libérait, finalement. Après tout, pourquoi s’en priver ? Je savais qu’une fois ce passage de dévastation, cette démonstration de faiblesse, passés, je repartirai, décidée, le menton haut, pour des années de sécheresse, par fierté, ou peut-être, inconsciemment, pour pouvoir encore mieux savourer ma prochaine inondation faciale témoin de mon débordement émotionnel.
.....Mais comme je n’arrivais pas à me calmer, que le temps passait, que mon nez commençait à s’encombrer et ma tête à sérieusement tourner, j’ai cherché une solution, essuyant machinalement d’un revers de main la cascade assaisonnée qui coulait sur mes joues. Une idée m’est alors venue. J’ai allumé la lumière et, avec un sourire pâle, j’ai décidé de m’adonner à l’activité qui, décidemment, soignait toutes mes peines, apaisait tous mes maux, se trouvait être le remède à tous mes problèmes, ma thérapie : j’ai saisi un stylo, un cahier, et j’ai écrit. L’inspiration était plus que présente, elle était en moi, me dévorait et laissait filer mon poignet agité sur le papier. Comme prévu, les mots avalaient ma tristesse, dissipait mes tortures mentales refoulées au rang de décors spirituels, de tâches au milieu de l’univers coloré de l’art que j’affectionne plus que tout.
.....L’ampoule de ma lampe m’éblouit, la musique qui s’échappe de mon réveil me fait sourire, toutes ces phrases alignées me rendent heureuse.

Je ne pleurs plus.

J'ai l'impression de ne comprendre ce texte que trop bien. Cette fierté de ne pas pleurer, de rester fort(e) en toutes circonstances, d'éviter tout ce qui pourrait être des signes de faiblesse... Ne jamais le montrer, ne rien laisser transparaître. L'air de dire "je vais bien", autoritairement, fermement, presque comme un ordre, pas de contestation possible. Au fond, se faire bien du mal, se faire violence, tout ça par fierté (je crois que c'est le mot). Cette espèce de fierté qui ne veut pas décamper...

Et pourtant, ça fait tellement de bien de baisser sa garde, par moments... De se laisser faire, de se laisser aller, de pleurer un bon coup. Ca soulage.

Ah et écrire... On est parfois des grands bavards du stylo quand même ^^. On se plaint à soi-même sur papier, on s'explique une bonne fois pour toute ce qui ne va pas, ce qui nous fait de la peine; on prend plaisir à aligner ces mots magiques qui emportent avec eux nos larmes... On joue à écrire et ça nous amuse. Et après ça, miracle, on peut même parfois réussir à tourner la page. Un défouloir, c'est un peu ça. On s'énerve un bon coup, on s'applique à bien s'énerver, on choisit ses mots, on les balance sur papier, et on se calme étrangement. Oui, ça fait du bien, c'est incontestable.

Il m'a tellement parlé ton texte, que je lui ai (un peu trop) répondu Rolling Eyes

J'ai, comme tu l'as compris je pense, beaucoup apprécié la lecture.
C'est tellement bien dit, et si "justement"...

Malgré le fait que je trouve que ton texte n'est pas très innovant dans son écriture ni dans les propos utilisés, la fin est nettement meilleur que le début.

Sympathique texte.

Roh Julie ! Je crois qu'on est en communion capillaire !
C'est tellement .. ça !!
Merci beaucoup pour le compliment, et pour l'assurance de me sentir moins seule à faire la pierre.
(Autour de moi, personne n'est comme ça, tous mes amis ont l'habitude de parler d'eux et de s'étendre sur leurs sentiments, leurs émotions.. ce qui me bloque parfois encore plus. Mais on est comme ça ^^)

Merci aussi Hope ^^
Je ne cherchais de toute façon pas à innover, juste à dire ce qu'il m'arrivait..
Ca ressemble d'ailleurs plus à une analyse détaillée qu'à une littérature recherchée..

» Y'a juste du sel
» Je veux juste...
» L'nanniv a qui ? A Quoi ? Non juste a malicia !