40 mètres. Je retiens mon souffle tandis qu'il continue de courir. Il l'a en main. Certains tentent de se mettre sur son passage, mais tous s'écartent à son arrivée : s'ils ne s'écartent pas, il les écartera. 30 mètres. Il est sur le point d'atteindre son but. Il va satisfaire les attentes des Français. Oui, il a derrière lui tout un pays. 20 mètres. Il n'arrêtera sa course effrénée qu'une fois son objectif atteint. 10 mètres. Et dans l'élan d'euphorie que lui procure la Marseillaise entonnée dans les tribunes, il aplatit le ballon entre les poteaux. La mélodie devient plus grande encore. Tous chantent en choeur le refrain que nous connaissons si bien. Les tribunes tremblent sous le poids de la foule qui saute de joie. Les drapeaux aux couleurs de la France sont brandis plus haut encore. Chacun embrasse son voisin et rit à gorge déployée. Je vois une hola démarrer dans le gradin d'en face. Le stade est englouti par une vague d'émotion, tout le monde chante, crie, pleure. Nous sommes en pleine extase. Après tout c'est ça être supporter.
Croire qu'à 40 mètres, tout est encore possible : parce que c'est ça la magie de l'ovalie.