Les voies se font écho de moi, les rails se faufilent à l'infini dans le crissement des freins. Résonne spasmodiquement dans les intestins du monde, se propage le long des tunnels, de station en station, d'humain en humain. Et disparait, se tait et recommence. Le chant des sous-terrains, la complainte du métro, ver des en-dessous qui avale et recrache les corps atrophiés d'humains rongés par la routine. Ils entrent, ressortent, s'asseillent et se lèvent, cadence apprise par coeur à la lueur blafarde du déjà vu et qu'ils n'oublieront jamais. Ils connaissent ça, les chaussures qui crissent après la pluie, dans l'arrêt isolé de leur existence, la flaque au sol et les bandes jaunes, la lumières et l'obscurité, la même voix qui, à chaque fois répète et se répète. Glaciale. Des chiffres plein la tête, lettres & nombre enchevêtrés dans le fouillis de ce qu'il ne faut pas oublier, chaque jour la cohorte des malheureux se faufilera dans les pores d'un monde gris. Et froid. Pour survivre, faute de vivre.
R.R