Les Jeunes Ecrivains
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 Pensées métropolitaines

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cha-pline
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cha-pline


Féminin Nombre de messages : 509
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Pensées métropolitaines Empty
MessageSujet: Pensées métropolitaines   Pensées métropolitaines EmptyMer 18 Fév - 20:13

Allez, c'est un forum d'écriture non ?
Hop, une nouvelle pour un concours toulousain ! J'attends vos avis ! Smile


PENSEES METROPOLITAINES



We are living in a yellow submarine, yellow submarine, yellow submarine..”


Je devrais peut-être baisser le son, non ? Ca hurle dans mes oreilles. D’autant plus qu’il y a marqué sur mon Ipod « A pleine puissance, l’écoute prolongée du baladeur peut endommager l’oreille de l’utilisateur. » Non-merci, je n’ai pas envie de finir sourde comme un pot à trente ans. Alors je suis désolée Messieurs les Beatles, mais bien que je sois en train de m’enfoncer dans un compartiment jaune, il va falloir faire moins fort. Thank you.
Allez hop ! Une petite place sur le côté… C’est fou le bruit que cela fait le métro : ça grince, ça secoue…Les passagers sont à l’intérieur d’un milk-shake géant !

ARGOULET


Y’en a déjà qui descendent ? Ils auraient pu marcher, ç’aurait été moins cher et ils auraient fait un peu de sport. M’enfin, tant que ce n’est pas la voiture, ils font ce qu’ils veulent, ça pollue moins. J’adore sa coupe de cheveux au type qui vient de monter dans la rame ! C’est assez classique, c’est séduisant. Pas trop mal habillé, joli costume, pantalon gracieux et…Ah non, pas les chaussures ! Même à Emmaüs ils n’en voudraient pas ! Passons. Les hommes parfaits n’existent pas, il y a toujours l’épingle, la toute petite épingle qui viendra vous piquer lorsque vous vous approcherez trop prêt de leur jolie personne. Est-il vrai que les hommes viennent de Mars et les femmes, de Vénus ? Il faudra que je vérifie. D’ailleurs en parlant de vérifier, je n’ai toujours pas regardé si ma facture de téléphone portable avait été payée ou pas…

ROSERAIE


Pourquoi, oui, pourquoi est-ce que je tombe toujours dans le wagon où il y a une poussette ET un bébé qui braille ? C’est extraordinaire, ça n’arrive qu’à moi, j’en suis certaine. La mère a des boules-quies ou est-elle simplement sourde ? Allez, je mets ça sur le compte de la lassitude. A force de l’entendre hurler, elle finit par ne plus l’entendre. Arrêtez de la dévisager, la pauvre ! Si ça se trouve, son mari vient de la quitter pour sa secrétaire slovaque et son patron lui a retiré sa promotion malgré toutes les heures supplémentaires effectuées. Et maintenant, elle doit s’occuper seule de son gamin qui pleure. Un peu de compassion s’il vous plait !

JOLIMONT


Entre vous et moi, je ne suis pas totalement mécontente qu’elle parte. Ca couvrait mon McCartney… EH ! Mais ce ne serait Clément Poitrenaud, LE Poitrenaud du Stade Toulousain qui vient de monter ? Lui, là, maintenant, dans la même rame que moi ? Si je me lève et que je lui demande un autographe, j’aurais l’air d’une idiote, d’autant plus qu’il semble être bien entouré. Qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je fais ? J’y vais ? J’y vais pas ? Est-ce que les autres l’ont reconnu ? Il baisse les yeux, il n’a probablement pas envie qu’on le dérange. Mais pourquoi prend-il le métro alors? Après tout, ça ne coûte rien. Juste un sourire. Allez, je me lève et je lui demande qu’il me…



MARENGO-SNCF


Et il est sorti… Ils se sont tous donnés le mot ou quoi ? « Aujourd’hui, nous ne prendrons le métro que pour une seule station ! ». N’empêche que Marengo, c’est ma station préférée. Pour la médiathèque, certes, mais aussi parce que c’est le lieu de rencontre de tous les vagabonds et aventuriers. Ceux qui entrent dans notre belle ville rose, un sac plus gros que leur frêle squelette, des cernes creusant leurs joues, la barbe de quelques jours, les pieds traînant sur le sol…J’adore les voir marcher avec leur sac de couchage, j’aime leur inventer leur future destination, le but de leur voyage. J’aime lire dans leurs yeux les étoiles qu’ils ont pu voir, les morceaux de vie uniques auxquels ils ont pris part. J’entends déjà le son de la guitare résonner dans ma tête. Ce courage de voyager que je n’ai pas, ces pieds qui démangent, cette soif de nouveau, c’est tout simplement magnifique.

JEAN JAURES
CORRESPONDANCE LIGNE B


Question existentielle : pourquoi n’avons-nous pas, sur cette ligne, les deux portes qui s’ouvrent simultanément, comme pour la ligne B ? Il y a toujours un monde fou à faire descendre et réciproquement, il y a toujours un monde fou à faire monter. Alors forcément, il y a un problème de timing. La preuve : la fille au fond, elle a sa veste coincée dans la porte. Je suis contente d’être assise, ils sont tous serrés comme des grains de riz… J’espère que le déodorant n’a pas été une option ce matin ! Pourquoi il ne pose pas son sac celui-là ? Il ne comprend pas que le jeune garçon derrière lui aurait la possibilité de respirer ? Certes, on peut vivre d’amour et d’eau fraîche, mais je suis certaine qu’un peu d’oxygène dans les poumons, ça n’est pas négligeable. Pose-le bon sang !

CAPITOLE


Vite ! De l’air ! Dieu merci, la rame se vide de près de la moitié. Notre beau Capitole est attractif, sa place est belle, surtout la nuit, où il brille de mille feux. Ces briques rouges qui sont à elles seules la poésie de Toulouse, son marché du mercredi, St Sernin qui domine le quartier… Je me sens pousser des ailes à la Nougaro : Ô Toulouse… Il ne pourrait pas parler encore plus fort celui-là ? Il a peur que je ne l’entende pas ou quoi ? C’est des écouteurs que j’ai dans les oreilles, pas des bougies ! Merci pour les détails anatomiques de ta dernière victime, je n’osais pas te les demander… J’étais en pleine poésie, pourquoi faut-il toujours qu’il y est quelqu’un pour vous faire retomber sur Terre ? J’étais très bien dans ma Lune…

ESQUIROL


Attachez-moi, pitié ! Sinon, je vais descendre m’acheter un pain au chocolat à la boulangerie au coin de la rue Alsace-Lorraine. Ils sont chers, mais ils ont un petit goût de paradis qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Tiens, un lecteur est assis devant moi ! Il lit Voyage au bout de la solitude, du Krakauer si j’ai bien vu. Il s’est trompé, ce n’est pas là qu’il doit le lire, mais à la gare ! J’hésite à lui dire qu’il a de bons goûts de lecture…Et lui préciser qu’il y a un chapitre au milieu du livre qu’il devra sauter tant c’est inintéressant… Il est mignon quand même ce jeune lecteur ! Brun, les cheveux en bataille, un air concentré et un pli au coin des yeux. Il a une tête à s’appeler Pierre. C’est vrai ! Oops ! Il a vu que je le regardais…Lilalilala…C’est pas moi ! Tu peux toujours me regarder, je suis plongée dans ma musique… « A, B, C, D, can I bring my friend to tea ? E, F, G, H, I love you..



SAINT CYPRIEN REPUBLIQUE


Amen, notre apprenti aventurier descend. Ca m’a bien donné envie de lire tout ça. Penser à acheter Le Vagabond Solitaire, de Kerouac. Tant qu’à faire, restons dans le même genre d’œuvre. Ce goût de la liberté me jouera des tours un jour, j’en suis certaine. Ca me rappelle ce passage d’un livre de Nicolas Fargues : voir quelqu’un de séduisant, lui glisser à son départ une petite carte où il y aurait noté « Ero dietro di te », j’étais derrière toi. Quand on se retrouve avec ça dans la poche, ça fait un choc. Un choc affectif si électrique et si doux à la fois. Ca donne envie de poursuivre cette petite chasse au trésor, de découvrir qui se cache derrière cette écriture fine et droite. Le mystère est envoûtant. J’aurais dû faire ça, encore une occasion de manquée…

PATTE D’OIE


Mince, une vieille dame…Qu’est-ce que je fais ? Je lui cède ma place ? D’un côté, il en reste des libres plus près d’elle. Mais si je ne lui propose pas, elle va penser que je suis l’Impolitesse réincarnée…En revanche, si je lui propose, elle risque de se sentir insultée parce que je l’aurais prise pour quelqu’un qui aurait besoin de l’aide d’une inconnue. Qu’est-ce que je fais bon Dieu de bon Dieu ? Elle est assise, ouf… Soulagement. Finalement, j’aime bien regarder les personnes âgées. Elles ont toujours une histoire à raconter, une anecdote sur quelque chose. Leur visage porte le poids des souffrances endurées, ils peuvent encore parler d’URSS et réfléchissent toujours en francs. C’est à la fois amusant et émouvant ; j’aime savoir qu’il y avait quelque chose derrière moi, et que c’est à moi de m’en occuper, de m’occuper de ce passé.


ARENES


Ma carte de métro ? Où est ma carte de métro ? Sinon, il faut que je descende vite ! Aux Arènes, j’aurai un duplicata, ou un truc du même genre. Je ne vais pas souvent de ce côté, alors c’est le moment ou jamais. Toujours cette angoisse de l’oubli, c’est d’un pénible ! BOUDUCON ! Elle est tombée dans le parfum celle-là ou quoi ? Je ne suis pas Jean-Baptiste Grenouille, mais quand même, il y a des limites, ça empeste dans tout le wagon ! Avec ça, si on n’avait pas compris qu’elle portait du N°5…

FONTAINE LESTANG


C’est pour ça que je préfère les bus…Quand personne ne monte et que personne ne descend, on ne perd pas de temps à s’arrêter. Je commence à saturer, je m’ennuie, ça pue le parfum, c’est infect. J’ai envie de sortir, vraiment, je commence à devenir claustrophobe…Pourquoi il ne me regarde pas celui-là ? Je suis assise en face de lui quand même, c’est étrange. Il n’a pas posé ses yeux une seule fois sur moi. Pourquoi ? A-t-il vu que je me posais des questions sur lui ? Peut-être qu’il m’entend. Est-ce que tu m’entends ? Pourquoi ne me regardes-tu pas ? Comment s’appelle-t-il ? Jean. Jean, si tu m’entends, cligne trois fois des yeux. Un. Il n’a pas entendu. Mais pourquoi ne me regarde-t-il pas ? Je ne cherche pas à le séduire, je cherche simplement une petite reconnaissance de sa part, quelque chose qui me montre qu’il a vu que j’étais assise en face de lui. Quelque chose qui me prouve que je suis bien vivante.

MERMOZ


De l’air ! Alléluia ! La puante est partie ! Une de perdue…Dix de retrouvées ! Voilà un groupe de copines super fashion. Prêtons une oreille : « Trop cool la soirée de P-J ! C’était trop kiffant ! Ca piquait un peu les yeux quand même la vodka ! Pas cool les vieux, trop prises de tête ! » Pourquoi cherchent-elles l’extrême, la perte totale de contrôle ? Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez elles ? Quel âge ont-elles ? Environ 16 ans je pense, peut-être moins. Quel mal les ronge ? Quels secrets cachent-elles sous leur apparence délurée ? Un sourire peut en cacher un autre… Quels chagrins camouflent-elles pour devoir utiliser l’alcool comme camisole chimique ? Boire pour oublier, déjà ? Oublier quoi ? La vie qu’elles mènent ? La vie de princesse qui leur tend les bras ? L’argent dont elles disposent ? Quelque chose ne va pas en elles, et personne ne semble s’en préoccuper pourtant, ça me crève les yeux. Mais je sais que si je m’approche d’elles, je ne récolterai que des regards méprisants, des insultes hautaines. Je ne tiens pas à me frotter à cette barrière sociale qui divise des gens qui pourraient être amis. De toute manière, je ne suis pas psy, ce n’est pas mon rôle.

BAGATELLE


Oulalalala…Celui-là, il n’est pas net. Il sent le cannabis d’ici et articule des choses inaudibles pour le commun des mortels. D’ailleurs il danse bizarrement. Je suis contente d’être au fond parce qu’il commence à roder d’un peu trop près autour des pintades en train de caqueter. Je n’aime pas spécialement son sourire, et je ne tiens pas à ce qu’il me vomisse dessus. Accessoirement. Je n’aime pas ses gestes vulgaires, je n’aime pas ses vêtements, je n’aime pas l’odeur qu’il dégage, je n’aime pas ses cheveux gras, je n’aime pas sa manière de parler. Qu’il ne pose pas son regard sur moi, je ne veux pas exister. Je ne veux pas qu’il me voit, je ne veux pas l’attirer. Je suis transparente. Vite qu’il sorte !

MIRAIL UNIVERSITE


Il y a décidément de joyeux lurons dans le coin. Tiens, il faudrait que je pense à mon orientation un peu. L’année prochaine arrive trop vite et je ne sais toujours pas quoi faire. Ici, il y a une petite fac de sociologie, au Mirail. Ca pourrait être pas mal, non ? Idée reçue numéro 1 : Se renseigner sur les prochaines portes ouvertes. C’est trop tôt pour moi, l’orientation. Comment peut-on nous demander d’engager notre vie, comme ça, à 17 ans, sur un coup de tête ? Pas un coup de tête, il faut bien réfléchir, il faut faire le vide, le tri, comprendre nos intérêts, nos motivations. C’est trop dur. Je n’y arriverai jamais. Par où commencer ? Par quoi commencer ? Etudes longues ou courtes ? Sciences ou commerce ? Pourquoi ai-je l’impression d’être toute seule ? Qu’est-ce qu’y m’échappe ?

REYNERIE


Ah…Le camé part enfin…Et place à…à…..AH ! Vite, baissons les yeux ! C’est ma prof de maths, quelle horreur, elle ne doit pas me voir ! Je ne tiens pas à parler de géométrie dans l’espace maintenant, je ne tiens pas à la voir en période de vacances… Et qui c’est ce mec ? Son mari ? Mais il a dix ans de moins qu’elle ! Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Ca fera des potins à raconter, c’est toujours ça de pris. C’est peut-être pour ça qu’elle a rougi la dernière fois qu’on a parlé de sa vie sentimentale. Excellent. On se dit souvent que les profs ne sont pas des êtres humains comme nous tous mais finalement, ils ont leurs faiblesses aussi ! Faites qu’elle ne me voit pas ! Y’a pas un 20 minutes dans le coin, histoire que je puisse me glisser derrière ! Allez vite, vite, VITE ! La prochaine station !

BELLEFONTAINE


Elle part ! Hourra ! Dieu existe ! Elle n’allait quand même pas me faire un cours dans ce bruit ! La rame est presque vide maintenant, nous ne sommes plus que quatre. Quatre personnes, les seuls rescapés de cette traversée de la ville qui semblent fatigués… Travail, shopping, crise d’ados à supporter, décès, problèmes de santé, divorces, mariages, promotions, naissances, tromperies, retrouvailles, départs, rencontres…
Qui sait les secrets que le métropolitain transporte chaque jour ?


BASSO CAMBO
STATION TERMINUS, AUCUN PASSAGER NE DOIT RESTER DANS CETTE RAME.
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