Un rêve...

Qui ne fut pas hanté certaines nuits par un rêve récurrent, par une personne qu'on retrouve et qu'on ne connaît pas? Une sorte de spectre incarnant un terrible vide s'emparant d'une partie de notre vie... Une sorte de vampire délicieux...

Un rêve.
Ce soir reviennent ces doux compagnons de mes nuits.
Silence, plus un bruit! Ils entrent vers mon sommeil.
Est-elle parmi eux celle qui, à jamais pareille...
Toujours élégante, qui venue puis repartie;
Éprouvant mon âme de sa tyrannie légère.
A force d'envie, tant éperdu, toujours séduit;
Vivre d'un espoir, attiré par son mystère.

Intemporels,
Mai 2006; dernière version, le 17 novembre 2007,
Acrostiche de mots: Ce silence est toujours éprouvant à vivre.

note du 2008-11-11: en fait, je préfère les ... au ? car ils proposent la suite et la liaison même sous forme d'interruption.


Et aussi de la douleur du sentiment d'avoir été copié...

Mon rêve familier,

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Au moment où tu as évoqué un "rêve récurrent", j'ai pensé aux premiers vers de Verlaine : "Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant...". Comme je comprends cette "douloureuse" impression d'avoir été copié ou plutôt devancé (et de quelle manière!). Comment se peut-il qu'ils l'aient déjà dit - parfois mieux que ce que nous ne pouvions le faire nous même, alors que ce sont nos sentiments!- ? Mais personnellement, je trouve toujours ça rassurant. On n'est pas seul ; et d'autres, mieux que nous-mêmes ont saisi ce qu'on ne parvenait peut-être pas à saisir entièrement, et ça, ça fait du bien.

Ceci dit, cette mystérieuse femme que tu évoques, ne manque pas moins d'étranges charmes... Un rêve qu'on partage tous plus ou moins; et pourtant... qui est propre à chacun.

Et que dire, alors, de la Passante de Baudelaire

Joli petit texte en tous cas

Ajout du 12: oui, A une passante, magnifique texte.
Ya ho!

Sinon,
Tout d'abord l'acrostiche est difficile et l'acrostiche de mots est encore plus exigeant. Une phrase se rapportant au texte...hum, hum!
Mais de la structure?

Les rimes se mélangent mais il n'y a pas moins de raison que dans l'écriture du sonnet classique. Ici, j'ai essayé de les lier par association d'idées.

Storyboard: eux, elle, moi!

Eux:
Ce soir reviennent ces doux compagnons de mes nuits.
Silence, plus un bruit! Ils entrent vers mon sommeil.
Est-elle parmi eux celle qui, à jamais pareille...

Elle:
(Est-elle parmi eux celle qui, à jamais pareille...)
Toujours élégante, qui venue puis repartie;
Eprouvant mon âme de sa tyrannie légère.

Moi:
A force d'envie, tant éperdu, toujours séduit;
Vivre d'un espoir, attiré par son mystère.

Et de ces quatre derniers vers, aucun verbe traduisant l'action car dans un rêve, on ne maîtrise pas. On associe des rushs d'images ou de pensées, on subit...

Et de la ponctuation?

Toujours ces quatre derniers vers où les ";" font marquer une grande pause (//) dans la lecture, tel un point et aussi lient les corps des deux vers ensemble dans la même idée, telle une "," .

Complément du 12: ces "..." pour la transition vers le rêve, interruption et entrée dans l'endormissement, vers des mots dont la structure décroche.

Et de la diction à (petite) voix que j'ai imaginée, ceci:

Un rêve///
Ce soir reviennent ces doux compagnons de mes nuits//
Silence/ plus un bruit// Ils entrent vers mon sommeil//
Est-elle parmi eux celle qui/ à jamais pareille///
Toujours élégante/ qui venue puis repartie//
Eprouvant mon âme de sa tyrannie légère//
A force d'envie/ tant éperdu/ toujours séduit//
Vivre d'un espoir/ attiré par son mystère///