Bon voilà, j'aime bien cette idée de collaboration ! Mais pas sur n'importe lequel de mes textes, j'aurais peur d'être "déçue" enfin, vous voyez ce que je veux dire je pense, on s'imagine des trucs en écrivant donc voilà.
Mais je concède celui-ci, car comme je l'ai déjà dit il me laisse perplexe. En plus je l'ai pas publié ici, donc tout neuf pour vous !
J'espère qu'il vous inspirera ^^
Elle l'invita à s'assoir, il obtempéra. Il l'écouta parler et embrassa sa voix qu'il entendait pour la première fois.
- "Mirga était jeune. Elle aimait la nuit, d'ailleurs la nuit le lui rendait bien. Tête en l'air, ses yeux reflétaient les étoiles et, alors, elle seule voyait. Et elle se racontait des histoires dans lesquelles elle vous plaignait, vous, pauvres aveugles, qui n'aviez pas la chance d'apercevoir l'envers du décor. Et elle brillait d'une folie céleste qui éclairait son esprit envolé. Ainsi, quand venait l'aube, Mirga n'était plus très belle, comme éteinte. Elle oubliait..."
Elle s'arrêta quelques secondes, pensive. Il fronça les sourcils.
- *Oui.. Tout ça pour des yeux bleus qui n'ont jamais vu le soleil, se dit-il. Rien que des billes qui roulent comme le temps qui court. Alors, à quoi ça sert ? Où il mène, ton discours ?*
Elle remarqua le trouble apparent de son locuteur. Elle lui fit signe de ne pas être impatient et reprit.
- "Tout le monde la trouvait bizarre et elle trouvait tout le monde étrange. De toute manière, le comportement humain restait pour elle un mystère plus grand que celui des étoiles. Mais loin d'être naïve, elle ne cherchait pas à le résoudre, elle le savait inexplicable et soupirait en voyant tous ces auteurs qui passaient leur vie à tenter de le comprendre."
Elle le regarda, un sourire imperceptible aux lèvres.
- *J'aurai essayé, au moins, et j'aurai pu y arriver, sans elle pour tout remettre en question, avec ses grands yeux qui croyaient détenir la seule vérité : celle qu'il n'en existe aucune autre, pensa-t-il. Si seulement ils avaient été moins beaux...*
Elle se retourna alors vers la fenêtre, lui offrant son profil, croisa les bras, puis continua.
- "D'ailleurs, Mirga n'aimaient pas les livres. Elle les trouvaient menteurs, fades et gris - elle détestait aussi cette non-couleur tout comme elle haïssait tout ce qui n'était qu'à moitié - au moins autant que leurs créateurs. Les livres n'étaient que des feuilles imprimées de symbôles qui voulaient se faire passer pour des connaissances. Le savoir qu'ils renfermaient était supposé, fictif ou alors passé. Or la jeune fille ne s'intéressait qu'au présent. Mirga n'aimait donc pas lire, cependant, elle lisait beaucoup. Pour apprendre. Elle avait soif non pas de ce que l'auteur voulait faire comprendre, mais de ce que le langage pouvait lui apporter. "
Il baissa le regard, et serra légèrement le cuire du canapé sur lequel il était assis.
- *Tout ça pour des yeux bleus qui n'en n'ont rien à foutre, en plus...*
Elle détacha ses pensées du ciel et s'approcha de lui.
- "Elle courait après les réparties singlantes, les phrases élégantes, le vocabulaire élaboré. Car Mirga était une jeune fille qui voulait toujours avoir le mot juste, c'est la raison pour laquelle elle parlait très peu. Mais même le langage, pour Mirga, était une barrière. Malheureusement l'absence de langage était pire, une frontière. Ainsi, elle se sentait mal. Triste bavarde et muette incomprise, elle décida de ne plus dire un mot jusqu'au jour où elle réussirait à faire tomber les remparts."
- *Il n'y a pas de frontière, Mirga, seulement moi qui me demande s'il y en a.*
Il se leva et dans ses yeux elle put lire. Elle n'y fit pas attention et poursuivit :
- "Finalement, alors qu'elle se croyait destinée à vivre le reste de son existence dans un silence étoilé, elle rencontra un livre. Elle n'y trouva ni répartis, ni phrases particulièrement élaborées, mais pour la première fois, elle y trouva du sens. Et elle l'aima. Elle comprit, et se sentit comprise, du moins plus que ce qu'elle ne le fut jamais auparavant. Sans qu'un mot n'eut été échangé. Elle admirait l'auteur avant même de le rencontrer, et lui même tomba amoureux de ses yeux quand il la croisa, n'est-ce pas ?
Elle n'attendit pas de réponse et fit encore quelques pas dans sa direction. Il frissonna de n'avoir jamais été aussi proche d'elle.
- C'est pour cela qu'il écrivit un livre sur ses yeux. Il l'inventa la nuit. Alors qu'elle se baladait dans la voie lactée. Puis quand il l'eut finit, il lui offrit, plein d'espoir. Elle le lut, bien sûr, mais elle ne dit rien et ce silence le hanta. Elle avait peur, et comment pouvait-il savoir que les remparts n'étaient pas encore tombés ?
- Mais aujourd'hui... murmura-t-il.
- Mais aujourd'hui... répéta-t-elle. Tu ne remarques donc rien ?"
Son regard parcourut le visage de celle qui lui faisait face. Il s'approcha encore jusqu'à ce que leurs souffles puissent se croiser. Elle était belle. Ses grands yeux bleus brillaient comme jamais ; il put y voir le reflet du soleil.
Bon courage !