La falaise des suicidés
****** La falaise des suicidés. C’était ainsi que les gens l’avaient surnommé. Quatre suicides y avaient déjà eu lieu. Cet endroit était devenu une véritable légende. On racontait même que les âmes des damnés, hantaient ce lieu, craint de tous. Personne n’osait s’y aventurer.
****** Aujourd’hui, elle se trouvait là et allait bientôt rendre ses ailes. La peur lui tordait les entrailles, mais peut-être était-ce mieux ainsi après tout. Au moins elle pourrait enfin quitter ce monde qui l’avait tant maltraité, et peut-être retrouverait-elle
Thomas.
Thomas, l’homme qu’elle aimait et que la mort lui avait arraché de force.
Peut-être était-ce mieux ainsi.
Peut-être…
Cette pauvre petite orpheline allait peut-être enfin trouver la paix, celle que l’on disait éternelle. Elle échapperait, surement pour la première fois de sa vie, aux coups de son père adoptif.
Elle ne cessait de se répéter que c’était mieux ainsi, mais elle ne pu contenir ses larmes plus longtemps. Ses poignets la faisaient horriblement souffrir.
****** La jeune fille n’était plus qu’à un pas du bord, ses cheveux s’emmêlant au gré du vent et ses larmes se mêlant à l’océan.
****** Une brise fraîche la fit frissonner. Une silhouette d’une transparence opaque sembla se matérialiser devant elle, au-dessus du vide.
****** Ne pleure pas princesse Thomas.
Ses cheveux ébènes ne bougeaient pas, semblant être figés dans le temps. Ses yeux, bleus clairs presque blanc, avaient, en revanche, toujours cette profondeur qui leur était si caractéristique.
Il leva la main et lui effleura la joue comme pour sécher ses larmes et apaiser son chagrin.
Elle sentit une légère sensation de froid contre sa peau et ferma les yeux comme pour intensifier ce contact extraordinaire.
****** On sera de nouveau ensemble et personne ne pourra nous séparer cette fois.
Un faible sourire naquit sur les lèvres de la jeune fille.
Elle étouffa un petit cri.
Dans son dos une douleur la transperça.
****** La lame qui la menaçait s’enfonça un peu plus profondément entre ses omoplates. Elle sentit une perle de sang couler le long de sa colonne vertébrale.
Son second tortionnaire resserra les liens autour de ses poignets.
****** « Avance ! »
L’homme tenant la lame, entailla encore plus la peau nacrée de la jeune fille, la forçant à lui obéir.
Elle leva les yeux en direction du ciel puis, ferma ses paupières. Elle fit un pas de plus et bascula vers l’écume qui se jetait négligemment contre les rochers en contrebas.